La première semaine en bourse de Facebook

Ecrit par : Stéphane van Huffel

Conseiller en gestion de patrimoine

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Tant attendue et finalement bien mouvementée ! Vendredi 18 mai, l’entrée en bourse de Facebook sur le Nasdaq devait marquer l’histoire du sceau de l’exploit. Facebook a bel et bien suscité un volume d’échanges historique mais l’exploit s’est arrêté là. Les résultats, eux, se sont avérés mitigés. Plutôt que grandiose, le terme exact pour désigner cette entrée en bourse serait chaotique. L’engouement pour le réseau social n’est-t-il plus au rendez-vous ? Quelles sont les raisons de ce « flop » ? Retour sur la première semaine en bourse de Facebook.

Facebook : une entrée en bourse tant attendue

Mark Zuckerberg est à la tête du 1er réseau social du monde. Réseau qui en à peine 8 ans a su conquérir près de 900 millions d’utilisateurs. Mais saura-t-il convaincre les investisseurs ? Rien n’est moins sûr. Déjà, durant le road show voué à persuader les investisseurs des perspectives positives de l’entreprise et donc de l’intérêt d’acheter des actions, Mark Zuckerberg s’est présenté à eux en retard et vêtu de son sweet à capuche. Fait anecdotique certes mais qui est venu rajouter un peu de polémique à une entrée en bourse déjà ultra-médiatisée.

Pendant que s’organisait l’entrée en bourse, du côté des marchés financiers, les analystes pariaient sur un prix d’entrée supérieur à la fourchette annoncée, de 28 à 35$. Finalement, c’est à 38$ qu’a été fixé le prix de l’action et ce sont 421 millions d’actions qui ont été émises sur le marché. Montant de l’opération : 16 milliards de dollars. Le réseau social a été valorisé à 104 milliards de dollars soit la plus grosse valeur dans le secteur de l’Internet et la deuxième plus importante pour une valeur américaine dans tous les secteurs.

Vendredi 18 mai : l’introduction en bourse

Pour son entrée en bourse, Facebook a perturbé le Nasdaq tellement les ordres étaient nombreux. Le marché a récolté un afflux d’ordre allant jusqu’à 100 millions de titres échangés en 3 minutes et au total ce sont 580 millions de titres qui ont été échangés dans la journée. L’action a atteint les 42$ avant de connaître un repli au niveau du prix de l’offre venant amoindrir la réussite d’une entrée qui s’annonçait beaucoup plus impressionnante.

La déception a en effet pris le pas sur l’engouement général. Après une faible progression de 0,61% , la première séance s’est bouclée à 38,23 dollars, soit à peine 23 cents au-dessus du cours d'introduction. D’ailleurs pour certains spécialistes, c’est uniquement le soutien des banques qui a permis de sauver Facebook de l’échec de son entrée en bourse.

Des premiers jours décevants pour les actions Facebook

Dès lundi 21 mai, à la réouverture du Nasdaq, il semblait bien que certains investisseurs aient revu leurs prévisions durant le week-end. Le titre « FB » a perdu plus de 4$ et a clôturé en baisse de presque 11% à hauteur de 34,03$. Après l’euphorie de l’introduction en bourse du réseau social, c’est donc le scepticisme sur la frénésie autour des valeurs Internet qui a regagné les investisseurs. Le peu de visibilité sur l’avenir et la solidité de Facebook inquiète et provoque incertitudes et manque de sérénité dans les échanges.

C’est dans ce climat de doutes que pour son 3ème jour de cotation, il n’y avait pas d’amélioration en vue pour l’action « FB ». Le titre avait encore reculé de quasiment 9% et atteint les 31$ soit déjà 7$ de moins qu’à l’introduction alors que les autres valeurs technologiques ont clôturé dans le vert !

Puis mercredi, au 4ème jour de cotation, Facebook s’est enfin stabilisé en terminant à 32$ et jeudi les actions sont arrivées à 33$. Le titre a donc fini la semaine sur une note positive. Mais au-delà de ces données chiffrées, les analystes s’interrogent sur les raisons d’un tel retournement. Il ne faisait aucun doute que cette entrée en bourse de Facebook serait une réussite époustouflante. Et pourtant ? Alors, l’heure est à la recherche des responsables. Ceux qui n’avaient pas prévu l’imprévisible.

A la recherche des responsables de l’entrée en bourse chaotique

La médiatisation de l’événement faisait d’autant plus attendre une entrée en bourse grandiose. Mais ça n’a pas été le cas. En comparaison à Google et Linkedin, les débuts de Facebook sont bien peu encourageants. En 2004, Google avait clôturé avec un bond de 18% et Linkedin avait même atteint les 109 %. Finalement, cette entrée en bourse aura elle aussi marqué l’histoire mais pas comme prévu. Les interrogations ont alors envahi les marchés. L’introduction en bourse du réseau social est même devenue un véritable fiasco.

La responsabilité a d’abord été portée sur le directeur financier de Facebook, David Ebersman. Il aurait décidé d’émettre 25% d’actions supplémentaires par rapport au nombre prévu initialement. En reportant la responsabilité sur lui, les banques ont trouvé un bouc émissaire. Mais elles ne sont pas pour autant sorties de la tourmente car une affaire de délits d’initiés a émergé. En effet, les 3 banques principales (Morgan Stanley, JP Morgan Chase et Goldman Sachs) qui ont piloté l’entrée en bourse auraient abaissé leurs prévisions en ne prévenant que certains « gros » actionnaires. Et sans prévenir notamment M. Ebersman à qui il aurait été annoncé que la demande était forte. Des plaintes ont alors été déposées en nom collectif d’actionnaires qui s’estiment lésés après l’entrée en bourse. Ses plaintes vont à l’encontre du réseau social, des banques et du Nasdaq. Car le Nasdaq aussi est pris dans la tourmente pour mauvaise gestion de l’introduction en bourse et même non-prise en compte d’annulation d’ordres.

Le Nasdaq a reconnu des défaillances techniques et admet qu’il aurait dû suspendre l’opération. Il fait même son mea culpa et a provisionné 13 millions de $ afin d’assurer le règlement des transactions litigieuses. Mais les demandes de dédommagements pourraient continuer à venir alors que déjà Knight Capital, Citadel Securities, UBS et Automated Trading Desk de Citigroup, les 4 principaux teneurs de l’introduction en bourse du réseau social, ont annoncé avoir perdu au total plus de 100 millions de dollars.

Les rumeurs vont bon train sur les responsabilités de chacun et un transfert de « FB » sur le Nyse Euronext a même été évoqué avant d’être démenti. Enfin, l’ampleur de l’affaire est telle que les régulateurs américains se sont saisis du dossier annonçant un examen approfondi par les gendarmes financiers (la SEC et la FINRA). La Commission bancaire du Sénat américain a elle annoncé l’ouverture d’une enquête informelle.

L’avenir économique du réseau social remis en question

Mais si les raisons de cette entrée en bourse mouvementée ne résultait pas seulement des erreurs des banques et du Nasdaq ? Si les investisseurs aussi doutaient de la réelle valeur du réseau social ? La polémique à ce sujet est moins mise en avant. Pourtant, les investisseurs s’interrogent sur le modèle économique du géant Facebook. Basé sur la gratuité, le réseau social vient chambouler les habitudes des investisseurs qui sont rassurés par des perspectives quantifiables et la possibilité de mesurer les retours sur investissement. Mais il y a quand même des optimistes, ceux qui parient sur Facebook et qui jugent que son potentiel n’a pas encore atteint ses limites. Un pari sur une croissance future bien incertaine et volatile.

En effet, sur quoi s’appuie le business model de Facebook ? La publicité ? General Motors a annoncé qu’il cessait d’en faire sur le réseau social par manque de résultats. L’intérêt serait jugé limité par les spécialistes pour qui les publicités sur Facebook sont peu consultées. Et jusqu’à maintenant, Mark Zuckerberg a privilégié la croissance en termes de nombre d’utilisateurs au détriment de la publicité. Les bases de données ? Se pose alors la question de la confidentialité et du respect de la vie privée. On comprend alors que les doutes des investisseurs concernent le modèle économique et la rentabilité du réseau social d’autant plus que la concurrence de Facebook se développe.

En résumé...

Introduit en bourse à 38$, l’action « FB » a perdu quasiment 20% en à peine 3 jours sur le marché, avant de se stabiliser. Contre-performance ou sur-estimation de la valeur lors de l’entrée en bourse ? Il faut trouver des raisons à cette entrée en bourse pas si exceptionnelle que prévue. Quel que soit le responsable de cet échec, la réalité est telle ; la demande d’actions du géant Facebook aurait été sur-evaluée. Mais alors que cette affaire n’a pas été élucidée, une interrogation nouvelle émerge déjà : le géant du réseau social saura-t-il rassurer les investisseurs ? Il faudra attendre de voir à long terme la tendance que prendront les actions Facebook pour en juger. La publication des chiffres du 2ème trimestre est attendue pour le mois de juillet.

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A propos de l'auteur

Stéphane van Huffel, Conseiller en gestion de patrimoine

Avis des clients de Stéphane :

Stéphane van Huffel débute sa carrière au sein de la branche d’investissement immobilier d'un grand promoteur français dans les fonctions opérationnelles et commerciales. Il évolue ensuite, toujours au sein du même groupe, vers un poste d'encadrement puis de directeur régional où il est chargé d'animer et d'encadrer cinq cabinets en France.

Son expérience confirmée de la fiscalité et de l'immobilier l'amène à créer son propre cabinet : Wast & Van en 2005 puis fonde netinvestissement avec son associé Karl Toussaint du Wast. Il est également co-fondateur du tour de France de l’immobilier et du baromètre des placements. Stéphane intervient régulièrement en tant qu’expert auprès de nombreux média français.

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Le 2022-07-25 15:00:39 par Philippe R.
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