ACTE 8 : le boursicoteur « en herbe »

Ecrit par : Stéphane van Huffel

Conseiller en gestion de patrimoine

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Il y a en France un peu plus de 7,5 millions de détenteurs de PEA dont moins de 14% (1 million environ) sont réellement actifs. Pourtant les encours sur les PEA représentent près de 90 milliards d’euro.

Si l’on rajoute à cela l’ensemble des portefeuilles titres, il s’agit de près de 300 milliards d’euro qui sont investis sur les marchés par des boursicoteurs en herbe qui s’imaginent déjà être le futur « Warren Buffet ». Malheureusement pour l’immense majorité d’entre eux, cela se termine bien souvent par des pertes et un gout amer laissé dans la bouche.

Mais cette extraordinaire manne financière que représente ces placements est de plus en plus visée par les brokers et autres banques en ligne qui voient là un moyen simple, efficace et très rentable de générer des profits.

La recette est simple : on applique les bases du marketing et de la publicité. Donner du rêve !! et on lance des campagnes ultra basiques basées sur les instincts primaires de l’être humain :

« Vous aussi gagnez en Bourse… » « ouvrez un PEA chez nous et recevez 50 € »

« votre ordre de bourse à moins d’un euro »

« ouvrez un compte titres chez nous et vous aurez alors la possibilité de participer à notre grand jeu concours », « qui pense réellement pouvoir gagner de l’argent en bourse alors que vous n’êtes pas un professionnel de la finance »

Etc, etc, etc.

Le simple fait que des annonceurs choisissent ce genre d’axe pour « appâter » le chaland, est à l’image de l’ignorance des sus-visés. On vous offre 50 € en étant à peu près certain que vous allez en perdre au moins le double en frais…. C’est pas génial ça ? et pourtant c’est aussi simple que ça. Le nombre d’ouverture de compte titres et autres PEA n’a jamais été aussi forte que ces dernières années, et la majeure partie de ces contrats ont été ouverts en ligne, en toute autonomie.

De l’ingénieur au professeur des écoles, de l’infirmière à l’électricien, toutes et tous se rêvent en traders nés, en magicien de la finance, entre les mains desquels, tout euro placé sur une action se verra alors automatiquement doublé, triplé, centuplé comme par magie…

C’est l’histoire de Michel que nous avons choisi de vous raconter. Nous aurions pu bien sûr vous parler de celle de Christine, d’Arthur, de Christian, d’Emmanuel et de bien autres encore tant leur issu se ressemble, mais si nous avons choisi celle de Michel, c’est qu’elle est pour nous l’une des plus symptomatique des erreurs trop régulièrement commises par celles et ceux qui décident, un beau jour de se « lancer en bourse ».

« La Bourse n’est pas un jeu, et encore moins un casino. La bourse est une place de marché mondialisée qui répond à des règles à la fois précises et particulièrement complexes. Trader en bourse est un métier qui, comme tous les métiers, s’apprend sur le tas et dans le temps ». NDA

Michel est ingénieur, cadre supérieur chez Dassault Système. Homme de chiffre, il est habitué à analyser les tableaux excel et autres courbes et graphiques. Il fait ça toute la journée au travail. C’est d’ailleurs un bon élément de son équipe.

Régulièrement, au cours de déjeuners avec ses collaborateurs, ces derniers se vantent d’avoir gagné X% en « jouant » en Bourse, d’autres encore disent qu’ils ont fait un aller-retour sur une valeur et qu’ils ont gagné 6% dans la journée… Michel est à la fois intrigué, curieux et un peu envieux. Il se dit que lui aussi pourrait s’enrichir facilement comme ses collègues. Il n’est pas plus bête qu’eux et puis après tout, ce n’est qu’une question de chiffres et de courbes à analyser.

Alors un week-end, alors qu’il pleut dehors, Michel se met à son ordinateur et en quelques clics se retrouve sur le site internet d’une grande banque qui propose d’ouvrir « gratuitement » un PEA. Et en plus, en ouvrant aujourd’hui le PEA, la banque lui offre 80 € !! Génial se dit Michel !! ça commence déjà bien, je n’ai même pas commencé à boursicoter que je gagne déjà de l’argent.

Le sourire malicieux aux lèvres, il lit consciencieusement les indications sur le mécanisme, les avantages et inconvénients du PEA, se laisse guider par le site et se décide enfin à ouvrir son PEA. Une fois la paperasse terminée, le site lui demande un 1er versement de 300 € pour finaliser l’ouverture du contrat. Il se soustrait à cette obligation par virement bancaire.

Etant donné que Michel débute, il a pris la formule « Beginner » qui lui permet d’avoir des frais d’ordre de bourse intéressants puisqu’à seulement 1,50 € l’ordre.

Le lundi suivant, à la cafétéria, Michel porte une oreille plus qu’attentive à ce que disent ses collègues. L’un vient d’acheter du Vivendi, l’autre se targue d’avoir fait l’acquisition d’actions Michelin… Dans quelques jours, lui aussi « en sera ». Et en effet, mercredi, en rentrant du travail, Michel reçoit dans son courrier ses identifiants et codes d’accès. Son PEA est ouvert. Il va enfin pouvoir se lancer en Bourse.

Grisé à l’idée de commencer, il se dirige directement à son bureau, allume son ordinateur et se connecte. Les 300 € qu’il avait versé quelques jours auparavant apparaissent bien et un message lui annonce qu’il recevra à la fin du mois les 80 € « d’offre de bienvenue ».

Tout excité, Michel se frotte les mains en regardant son écran. Tout est en place, tout est prêt. Il va pouvoir commencer. C’est alors que Michel marque un temps d’arrêt. Commencer, d’accord, mais par quoi ? Par où ? Pas de panique Michel, un didacticiel animé explique aux « boursicoteurs en herbe » comment faire pour acheter et vendre des titres. Ouf.

En quelques minutes, Michel apprend à se servir de l’outil et de l’interface. Seulement voilà, il lui reste à présent à « miser sur le bon cheval ». Dans quelle société va-t-il investir ? Michel travaille chez Dassault. Son entreprise est solide, rentable et il sait que les carnets de commande sont pleins. Dassault est une belle entreprise, un fleuron de notre industrie. Sans hésiter il se dit qu’il faut acheter du Dassault. Malheureusement le titre est à plus de 800 € !! Et il n’a que 300 € pour l’instant. Michel ne veut pas se précipiter. Il opte donc pour une entreprise connexe à Dassault et avec laquelle ils sont régulièrement amenés à travailler : EADS. Quelle belle entreprise qu’EADS. Il tape sur son clavier les 4 lettres et apparait alors le dernier cours de l’action : 42,58 € ; Parfait.

La toute première acquisition de titres de Michel sera donc EADS. Il achète 7 parts pour 298.06 €. Son ordre sera passé dès le lendemain matin à l’ouverture des marchés. Michel s’endort serein. Il voit déjà le cours d’EADS grimper… et avec lui ses euros.

Mais la journée qui suit est particulièrement chargée au travail pour Michel. Deux gros dossiers urgents lui sont confiés et il ne sort pas la tête de ses tableaux de la journée. Même pas le temps d’aller déjeuner, juste celui d’avaler rapidement un sandwich. Michel rentre chez lui peu après 19h et fonce à son ordinateur pour voir ou en est le cours d’EADS : + 1,73 % en une journée !!

Michel n’en croit pas ses yeux. C’est donc aussi simple que ça. Sans hésiter, Michel se connecte à sa banque pour effectuer un virement de 1500 € depuis son livret A vers son PEA.

Sans attendre, il replace un nouvel ordre d’achat, toujours sur EADS. Avec ses 1500 €, il achète 34 actions de plus. Le voilà à présent avec 41 actions EADS. Michel s’endort galvanisé par ce nouveau « jeu » grisant.

Le lendemain, pendant la journée, Michel ne peut s’empêcher d’aller voir de temps en temps le cours de l’action. Un peu en hausse, un peu en baisse, mais globalement tout va bien. L’action a pris près de 3% dans la semaine. Tout va bien et Michel est ravi.

Seulement, dans les jours qui suivent, Michel est confronté à une charge de travail importante qui vient s’ajouter au problème de la chaudière qu’il doit remplacer. Devis, rendez-vous avec les artisans, week-end à bricoler pour la « maintenir encore un peu en vie » le temps de la changer ; Michel n’a pas pris le temps de suivre le cours de ses actions ; et surtout Michel n’a pas suivi l’actualité dernièrement et a donc raté LA mauvaise annonce : l’annulation d’une commande de plusieurs gros porteurs par une compagnie du Golf qui aura finalement préféré le concurrent américain : Boeing.

Catastrophe !! Le cours de l’action a chuté de plus de 5%. Voilà que Michel a non seulement perdu l’ensemble de ses gains, mais il réalise alors lorsqu’il se connecte à son compte en ligne qu’il a perdu de l’argent. Il est à présent en négatif.

Michel ne sait pas quoi faire ? Doit il vendre maintenant avant de tout perdre ? Doit il au contraire racheter des actions moins chères ? Ou doit il attendre que le cours remonte.

Michel est perdu. Dès le lendemain, il en parle à ses collègues ingénieurs et chacun y va alors de son point de vue, de son avis et de son expérience. L’un d’entre eux avait même développé lui-même son propre algorithme pour pouvoir « anticiper les marchés », mais rien n’y a fait, il n’a fait que perdre ; un autre lui dit qu’il n’aurait jamais dû « tout mettre sur EADS », un autre encore lui dit qu’il s’applique des règles strictes en matière de bourse : A 5% de gain, je sors et j’encaisse.

Michel passera la majeure partie de l’après midi les yeux rivés sur son écran à rafraichir la page pour voir l’action EADS évolué. Quel soulagement finalement. Le cours a repris 3% à la clôture.

Le voilà quasiment à son niveau de départ. Michel décide alors de changer de stratégie et de suivre les conseils de son collègue : ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Aussitôt, Michel refait à nouveau un virement de 1000 € de son livret A vers son PEA et décide cette fois de répartir cette somme sur deux actions. EDF, après tout l’énergie c’est stratégique se dit-il et nous arrivons dans l’hiver donc la demande va être forte…

Du coup il opte pour Total en second choix.

Le voilà à présent avec trois belles sociétés dans son portefeuille : EADS, EDF et Total. Il a diversifié son risque et s’est positionné sur des belles valeurs.

Plusieurs mois ce sont écoulés et Michel arrive péniblement à suivre son portefeuille par manque de temps. Mais à la fin de l’année, ses actions ont pris de la valeur malgré tout. Il est en positif de 6%. Michel est content.

Du coup, au cours du dîner familiale de Noël, Michel aborde le sujet « Bourse » avec son beau-frère Alexis avec qui il a toujours été (sans se l’avouer) un peu en rivalité. Il a le sentiment qu’Alexis fait toujours tout mieux que lui et sait tout mieux que lui, ce qui le don de l’agacer. Pourtant Alexis est également ingénieur et occupe des fonctions professionnelles très proches de celles de Michel.

Les voilà donc qui, tout en sirotant une coupe de champagne, abordent le sujet de la bourse. Michel sait qu’Alexis a des placements en Bourse, mais comme, jusqu’à présent, lui-même n’en avait pas, il n’avait pas voulu ni osé aborder la sujet avec son beau-frère. A présent, Michel se sent confiant. Il a lui-même, sans l’aide de personne, réalisé une belle performance de 6% cette année et entend bien réitérer la chose l’année suivante.

- Tu sais que je me suis lancé en Bourse ?
- Tu as eu raison lui rétorque Alexis. Les marchés financiers ont été plutôt performants cette année
- Tu m’étonnes. J’ai ouvert un PEA en ligne en début d’année et j’ai gagné un peu plus de 6%. Je suis très content.
- 6% ! lui rétorque alors son beau-frère. En effet c’est pas mal…

Un long silence suit et Michel ne peut s’empêcher alors, poussé par sa curiosité, de lancer à son beau-frère un timide : et toi ?

La réponse tombe comme un couperet : cette année, nous avons réalisé près de 18% mais j’ai été pourtant plutôt prudent.

18% !! mais comment as-tu fait ? et qui c’est « on » ?

Alexis lui explique alors que lui aussi, au début, il faisait comme Michel, il boursicotait tout seul, mais qu’entre son travail, le sport et les enfants, il n’avait en fait pas le temps de bien gérer et de suivre son portefeuille. Il passait systématiquement à côté des opportunités et ne savait jamais revendre au bon moment.

Au final, Alexis lui explique qu’il subissait les marchés. Décidé à vraiment gagner en Bourse, il a alors fait des recherches sur Internet et a rencontré un conseiller financier indépendant, spécialiste des marchés financiers.

« A chacun son métier ». Non seulement je n’ai pas de connaissance réelle en Bourse, mais je n’ai pas le temps de m’en occuper ; or ce conseiller financier a le temps, les compétences et les outils pour gérer au mieux mes placements. Et c’est ainsi que grâce à lui j’ai gagné 18% cette année.

Michel est obligé de s’avouer vaincu…. Une fois de plus !

« Mais un conseiller financier, ça doit couter cher » ! « Ces gens là prennent des frais sur notre dos, alors que moi je ne paye quasiment pas de frais sur mon PEA ».

Mais au moment même où Michel termine sa phrase et qu’il voit déjà un sourire poindre sur le visage d’Alexis il comprend.

A ton avis lui répond Alexis, ne vaut t’il mieux pas payer même cher quelqu’un qui te fait gagner 18% plutôt que de ne rien payer mais de ne gagner que 6% ? Evidemment ! « Si tu veux je te le présente ».

Michel est partagé entre le plaisir qu’il prenait à boursicoter lui-même et les résultats factuels que son beau-frère vient de lui apporter. Une performance 3 fois supérieure ! Michel accepte finalement de rencontrer ce conseiller financier.

C’est ainsi que nous avons fait la connaissance de Michel. Et devant ses craintes, nous lui avons proposé la chose suivante : plutôt que de nous confier la gestion de son PEA qu’il aimait bien gérer lui-même, il allait nous confier une petite somme d’argent en parallèle et nous ferions un point à six mois pour voir qui, de lui ou de nous, avait été le plus efficace.

Depuis, Michel nous a confié la totalité de ses actifs en gestion….

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A propos de l'auteur

Stéphane van Huffel, Conseiller en gestion de patrimoine

Avis des clients de Stéphane :

Stéphane van Huffel débute sa carrière au sein de la branche d’investissement immobilier d'un grand promoteur français dans les fonctions opérationnelles et commerciales. Il évolue ensuite, toujours au sein du même groupe, vers un poste d'encadrement puis de directeur régional où il est chargé d'animer et d'encadrer cinq cabinets en France.

Son expérience confirmée de la fiscalité et de l'immobilier l'amène à créer son propre cabinet : Wast & Van en 2005 puis fonde netinvestissement avec son associé Karl Toussaint du Wast. Il est également co-fondateur du tour de France de l’immobilier et du baromètre des placements. Stéphane intervient régulièrement en tant qu’expert auprès de nombreux média français.

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Le 2022-07-25 15:00:39 par Philippe R.
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