Devant un niveau d’inflation qui demeure bas depuis plusieurs mois, la BCE semble décidée à agir pour éviter un décrochage trop important des anticipations d’inflation. Bien que Mario Draghi ait annoncé que la BCE conservait sa politique monétaire inchangée, le communiqué publié début avril par ses services apparaît beaucoup plus accommodant que le mois dernier. La Banque Centrale Européenne se prépare à mettre en œuvre des mesures non conventionnelles (validées unanimement par le conseil des gouverneurs) en cas de risque trop appuyé de déflation. Décryptage.
Les risques potentiels
La persistance d’une inflation faible peut rendre la zone euro très vulnérable à la déflation en cas de risques accrus. Quatre facteurs de risque pourraient provoquer des chocs suffisamment importants pour entrainer ce décrochage :
- Une remontée des taux obligataires longs du fait d’une contagion en provenance des US (hausse des taux longs actuellement)
- Aucun ralentissement de l’appréciation de l’euro qui affaiblit la balance commerciale européenne
- Les chiffres de la croissance prévisionnels qui déçoivent l’ensemble des observateurs/investisseurs
- Un choc exogène imprévu mais ayant de prés ou de loin des conséquences sur la zone (ex : situation politique ukrainienne)
Etant donné qu’un grand nombre d’analystes, à commencer par les équipes de BCE prévoient de baisser leur prévision d’inflation dés juin prochain et qu’il apparaît de plus en plus clairement qu’une remontée des taux américains se prépare du fait de l’accélération de la croissance US, la BCE va devoir passer à l’acte.
La réaction de la BCE
Ce qui semble le plus probable, c’est une intervention de la BCE fin juin, une fois que ses équipes auront publié leurs nouvelles prévisions qui devraient confirmer le risque déflationniste.
Mario Draghi n’écarte plus la mise en œuvre d’un QE (Quantitative Easing), option étudiée par le conseil des gouverneurs parmi d’autres mais qui semble la plus adaptée. Cependant, le président de la BCE mentionne qu’il faut rester prudent dans la mise en œuvre d’une telle politique monétaire car si elle a fait ses preuves aux Etats-Unis, elle pourrait être nettement moins efficace en zone euro car le financement de l’économie repose plus sur le marché Outre-Atlantique qu’en Europe où les banques jouent un rôle plus central.
La BCE semble donc plus à même de privilégier une option d’intervention via le système bancaire (type LTRO).
Les conséquences sur les marchés
La position « agressive » et volontaire de la BCE devrait bénéficier aux actions européennes. L’euro devrait également être structurellement affaibli face au dollar d’ici la fin de l’année. Les actifs émergents (devises et actions) déjà mis à mal en ce début d’année devraient pâtir également du positionnement de la BCE car le couple euro-dollar évoluant moins favorablement en faveur de la monnaie américaine, cela aura des conséquences sur les positions des investisseurs sur les monnais émergentes.
Conclusion
Après plusieurs années de politique accommodante aux USA menée par le FED, la BCE se prépare à utiliser à son tour des outils non conventionnels afin d’amortir de potentiels chocs. Si l’approche américaine reposait sur un besoin de relance de croissance, la BCE semble plus déterminée à maintenir un niveau minimum d’inflation permettant de soutenir le financement de l’économie réelle. Un vrai test à passer.
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