Le chômage continuant à monter, le combat pour l'emploi aurait dû constituer le plat principal au menu de cette grande séance de dialogue social. Mais le président de la République, François Hollande, ayant ouvert ce jeudi 20 juin la deuxième conférence sociale de son quinquennat, a fait connaitre, entre autres, ses "options" pour la future réforme des retraites, et ce sujet a, dès lors, pris le dessus sur tous les autres. A l'horizon 2020, il est en effet prévu un trou de quelques 20 milliards d'euros pour l'ensemble du système des retraites.
Les options du chef de l’Etat pour réformer les retraites
On peut retenir principalement les suivantes : allongement de la durée de cotisation, allongement applicable à tous les régimes, pas de report de l'âge légal de départ à la retraite, instauration d'un "pilotage" des retraites, de manière à se prémunir contre des réformes successives et dans la précipitation, et permettre ainsi une meilleure visibilité pour tous, pas de remise en cause radicale du régime de retraite des fonctionnaires.
Le chef de l'Etat a également précisé que le gouvernement s'inspirerait des solutions présentées dans le rapport récemment remis par Madame Yannick Moreau, en vue des décisions à prendre à la fin de l'été, mais que bien entendu, il n'entendait pas, en indiquant ces pistes, fermer le débat.
Les différents points de vue
Il y aura bien sûr débat, dès les 4 et 5 juillet, mais l'espoir d'un consensus sur une telle réforme parait totalement illusoire, et le gouvernement devra donc prendre ses responsabilités. Les positions sont en effet clairement antagonistes: FO et la CGT sont fermement opposés à l'allongement de la durée de cotisation, mesure la plus juste pour le chef de l'Etat, la CFDT, qui demande que l'ensemble du système de retraites soit mis à plat, attend d'en savoir davantage sur les intentions gouvernementales, et le MEDEF, pour sa part, qui défendait le report de l'âge de départ, qui est maintenant écarté, redoute plus que tout une augmentation des cotisations, qui viendrait pénaliser encore la compétitivité des entreprises.
Enfin, la plupart des participants à cette conférence regrettent qu'il n'y soit question que de social et non aussi d'économie, le patronat en raison de la difficile situation des entreprises, et les syndicats pour les questions portant sur les salaires, avec un lourd contentieux alourdi tout récemment par le nouveau gel du point d'indice des fonctionnaires.
Conclusion
Prendre, dans ce domaine comme dans tant d'autres, des mesures populaires et appréciées par tous relève bien sûr de l'utopie, mais il faudrait pour le moins concilier autant qu'il sera possible l'intérêt général et les intérêts particuliers, au nom de cette "justice" dont François Hollande entend faire le marqueur principal de toute réforme. Pourtant, à ce titre, l'allongement de la durée de cotisation apparait injuste vis-à-vis des jeunes ayant fait des études ou qui peinent à trouver un emploi. A ce titre aussi, les mesures envisagées par l'Etat pour rapprocher les régimes du public et du privé, et portant sur le régime de retraite de la fonction publique, semblent de portée limitée, et peut-être ainsi de nature à accroitre les antagonismes.
"Informations très claires. Navigation aisée."