Même si le fait de "préparer" induit forcément une anticipation, nous verrons qu'avec ces outils, vous pourrez toujours trouver une solution, quel que soit l’horizon de votre fin d’activité.
En ce sens, ce qui doit être utile à votre retraite ne peut pas être bloquant ou gênant pendant les années de votre vie active. C’est cette conciliation que vous devez considérer pour toujours être en phase avec votre situation financière, fiscale et civile.
1. Le PER
Depuis fin 2019, l’offre retraite a été simplifiée. Aujourd’hui, nous ne parlons plus de PERP ou de contrat Madelin, mais de PER ( Plan Epargne Retraite). En effet, l’ensemble des solutions retraite a été regroupé sous le PER. Désormais, vous n’avez qu’un seul et même contrat, composé de trois tiroirs que sont l’épargne retraite individuelle, l’épargne collective et l’épargne catégorielle. Nous nous concentrerons ici sur le PER individuel.
Dans cette enveloppe, nous allons retrouver le même fonctionnement que sur l’ancien dispositif, avec une partie qui concerne l’ensemble des contribuables, l’autre étant réservée aux professionnels non salariés.
Le PER individuel permet de vous constituer un revenu complémentaire en vue de votre retraite. Vous aurez donc deux phases sur votre contrat : la phase d'épargne et la phase de sortie du plan.
Que se passe-t-il pendant la phase d’épargne ?
Avant de vous lancer dans la recherche du meilleur PER du marché, il vous faut tout d’abord vérifier votre disponible fiscal. Si vous n’avez pas la possibilité de déduire les versements de votre revenu, le PER perd une partie de son intérêt. Pour trouver cette information, consultez votre avis d’imposition. Vous la trouverez en 3e ou 4e page, dans la partie appelée "plafond épargne retraite". Cette donnée vous informe sur le plafond que vous pouvez déduire de vos revenus, autrement dit la cotisation optimum que vous pouvez verser dans votre PER. Il ne faut pas oublier que si vous êtes marié ou pacsé, vous bénéficiez également du plafond de votre conjoint.
Pour connaître votre disponible fiscal de l’année, vous pouvez appliquer la formule de calcul suivante : vous bénéficier de 10% de votre revenu de l’année N-1 auquel vous devez déduire les versements effectués sur vos anciens contrats retraite, comme les PERCO, les articles 83 et les Madelin retraite. Mais si les versements sont déductibles de vos revenus pour réduire votre impôt, il existe un plafond de déduction. Ce plafond se calcule de cette façon :
- 10% du PASS de l'année précédente, soit 4 399 euros en 2024..
- Ou 10% des revenus, dans la limite de 8 fois 10% du PASS de l'année précédente.
Chacun consacre le budget qu’il souhaite à la préparation de sa retraite. Cela dit, pour que vous puissiez avoir un ordre de grandeur, il est conseillé d'épargner, dès l'âge de 40 ans, 10% de vos revenus dans cet objectif.
Fonctionnement une fois l’âge de la retraite atteint
Bien qu'il existe des cas de déblocage anticipé, il faut attendre d’avoir atteint l’âge de départ à la retraite pour profiter de votre capital. Vous aurez ainsi plusieurs possibilités. La première sera la classique sortie sous forme de rente. En fonction de la qualité du PER, vous aurez différents types de rentes. Le choix de la rente devra se faire aussi en fonction de votre situation familiale et personnelle.
A la différence de ses prédécesseurs, le PER vous donne plus d'opportunités concernant le déblocage. Par exemple, vous allez pouvoir sortir sous forme de capital, en une seule ou plusieurs fois . Mais attention : la fiscalité est à prendre en compte, puisque le capital que vous récupérez est considéré comme un revenu. Si vous avez fait des versements sans les déduire, vous pourrez profiter de la fiscalité des rentes à titre onéreux. Vous n’aurez ainsi qu’une partie de la rente fiscalisée, en fonction de l’âge que vous aurez au jour du premier versement de la rente.
Conseil de gestion
Avec le PER, vous pouvez choisir entre une gestion libre et une gestion pilotée de votre contrat. Autant ce choix se fait à la souscription, autant il peut être modifié pendant la durée de vie dudit contrat.
Par conséquent, n’hésitez pas à utiliser la gestion à horizon. Elle se fait par l’assureur ou une société de gestion dédiée. Elle ne comprend généralement aucun surcoût.
L’intérêt principal est de désensibiliser votre rapport au risque lorsque la retraite se profile. Concrètement, vos avoirs seront positionnés au fur et à mesure, année après année sur un fonds euro.
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Qu'est-ce que le PERP ?
Le tuto placement Net Academy (EPISODE 1)2. La LMNP
L’investissement en Location Meublée Non Professionnelle (LMNP) est une très bonne solution pour se préparer un complément de revenus avec une fiscalité quasi nulle voire inexistante pendant près de 20 ou 30 ans. Cette solution vous permet d’investir dans quatre types de biens : les résidences hôtelières, les résidences de tourisme, les EHPAD, les résidences étudiantes.
Le principe d’investissement est simple. Vous investissez dans une chambre que vous donnez en gestion par l’intermédiaire d’un bail commercial à un gestionnaire qui lui, s’engage à vous verser des loyers, que votre chambre soit louée ou non. Malgré cette facilité apparente, c’est bien ici que votre conseiller en gestion de patrimoine aura toute son utilité. L'emplacement de votre bien est évidemment l'un des points centraux de votre investissement, mais la qualité du gestionnaire et du bail l’est encore plus. Ainsi, votre conseiller évaluera la solidité financière et l’expérience de votre gestionnaire. Il vérifiera également le bail proposé, avec notamment la prise en charge ou non des articles 605 et 606 du code civil.
Le principal avantage de l’investissement en LMNP est la fiscalité, qui est appliquée aux revenus produits par votre investissement. Ainsi, vous déclarerez vos revenus dans le cadre de la déclaration BIC. Surtout vous pourrez bénéficier de la règle de l’amortissement comptable de votre bien. Vous ne serez donc pas imposable sur vos revenus pendant une période de 15 à 30 ans.
Investissement à crédit
Dans cette solution, pourquoi ne pas profiter de l’effet de levier du crédit ?
Cela nécessite plusieurs conditions. Tout d’abord, un taux d’endettement inférieur au taux de rendement. Il s’agit globalement des foyers qui ont soldé leur crédit résidence principale. Dans ce cas, vous avez le loisir d’utiliser ce levier pour vous constituer un patrimoine immobilier générant un complément de revenus stable. D’autre part, il serait préférable d’avoir de la visibilité. Une dizaine d’années semblent souhaitable. Cela permet de diminuer les mensualités pour ne pas empiéter sur votre confort de vie.
Enfin, cette stratégie va dans le sens de la gestion de votre fiscalité. Comme vous pourrez déclarer les intérêts d’emprunt et l’assurance décès invalidité, cela vous permettra de conserver l’amortissement du bien plus longtemps pour vos années de retraite. Attention, il y a une limite qui est à trente ans… de quoi avoir le temps de profiter sereinement de votre investissement.
3. Investir en démembrement
Pour ceux qui veulent profiter d’un complément de revenu pour leur future retraite, l’investissement en démembrement est une des solutions les plus adaptées. Le principe est que vous deveniez propriétaire de parts de SCPI par exemple, ou d’un bien en nue-propriété, et qu’un autre investisseur bénéficie de l’usufruit. Pendant toute la durée du démembrement, vous ne touchez aucun loyer. C’est en effet l’usufruitier qui perçoit ce rendement. Vous ne supportez donc pas de fiscalité sur le revenu supplémentaire, ni de prélèvements sociaux.
L’acquisition en nue-propriété vous permet ainsi d’acheter, pour un budget moindre, un plus grand nombre de parts de SCPI ou un bien de valeur supérieure.
Grâce à l'effet de levier, vous pourrez bénéficier de revenus complémentaires plus importants à terme. Une fois la période de démembrement écoulée, vous récupérez automatiquement la pleine propriété de votre bien, ainsi que les loyers qu'il peut vous rapporter. Il faut également noter que pendant toute la durée du démembrement, vous ne supportez aucuns frais.
Rappel sur les caractéristiques de l’immobilier en nue-propriété
Ici, la durée en démembrement est bien souvent d’une quinzaine d’années. Même s’il existe des biens avec des délais plus courts, il s’agit d’un marché de niche où les opportunités sont restreintes.
En passant par l’immobilier plus « classique », il vous faut avoir du temps devant vous. L’usufruitier est souvent un bailleur social. Attention, je vois déjà certains d’entre vous qui pensent à des HLM, barres d’immeubles pas franchement rassurantes. Ce n’est pas ici le sujet. Quand l’on parle de bailleur social, ce sont plus particulièrement des logements pour des salariés dans le cadre du 1% patronal.
Quoi qu'il en soit, au terme du démembrement, vous récupèrerez votre logement - ainsi que toutes les parties communes - remis en bon état. Cela vous donne la possibilité de revendre le bien avec une plus-value potentielle, sans aucune fiscalité pour réaliser un projet d’envergure. Ou, si vous le préférez, percevoir vos loyers de la part du locataire de votre choix. Cela peut être un nouveau locataire, ou celui qui est déjà résident pendant le démembrement (si ce dernier vous convient et respecte ses engagements).
Rappel sur les caractéristiques des SCPI
Les SCPI sont plus flexibles dans la chronologie de votre investissement. Le démembrement temporaire s'effectue entre 5 et 20 ans : de quoi s’adapter à l’horizon en vue de votre retraite.
Avec les SCPI, vous pourrez calibrer la perception des revenus selon vos besoins. Pour aller plus loin, vous pourrez même fonctionner avec des dates de fin de démembrement successives. C’est particulièrement intéressant pour ceux d’entre vous qui souhaitent décélérer petit à petit en fin de carrière.
Concernant la revente de vos parts, les SCPI peuvent aussi avoir des atouts insoupçonnés. Alors qu’un appartement se conserve ou se vend à 100%, vos parts peuvent avoir un avenir différent. Ainsi, vendre 25% de votre patrimoine et conserver le reste est tout à fait envisageable. Cela permet d’avoir une adaptabilité stratégique et vous assurer à la fois un capital et un rendement locatif.
4. Le PEA
Comme je le précise régulièrement dans les guides, le PEA est une solution trop souvent oubliée par beaucoup de conseiller en gestion de patrimoine. Pourtant, cette solution permet de bénéficier d’avantages conséquents dans la cadre de création de revenus complémentaires à long terme (+ de 8 ans). Il n’est certes pas adapté à l’ensemble des investisseurs, étant donné qu’il y a une obligation d’être investi sur les marchés financiers. Mais au contraire des PEA bancaires, qui vous proposent de jouer aux apprentis trader, nous vous conseillons d’investir sur un PEA assurance-vie. Ainsi, votre conseiller en gestion de patrimoine mettra en place une convention de gestion avec des investissements en OPCM qui vous permettront de suivre des tendances boursières, et non d’être tributaire de la performance d’une entreprise précise ou d’une autre.
Le fonctionnement du PEA pendant la phase d’épargne vous est résumé dans le tableau ci-dessous, sachant que le versement maximum que l’on peut effectuer sur un PEA est de 150 000€.
La fiscalité du PEA
Retrait du PEA | Conséquences du retrait sur la situation du PEA | Conséquence fiscale du retrait |
---|---|---|
Avant 5 ans | Clôture du PEA | Taxation des gains à 12,8% ou imposition au barème progressif + prélèvements sociaux (17,2%). |
Après 5 ans | Retrait total ou partiel sans clôture. | Gains exonérés d'impôt sur le revenu + prélèvements sociaux. |
Mais le grand intérêt du PEA en matière de retraite est sa fiscalité. Pendant toute la phase d'épargne, vous n'êtes pas imposé sur les gains obtenus. Mieux : une fois la maturité fiscale atteinte (au-delà de la 5e année) vous pourrez récupérer votre capital sans aucune fiscalité, soit sous forme de rentes soit sous forme de rachats partiels programmés. Le calcul de votre complément de revenu pourra se faire avec votre conseiller, selon vos besoins.
Un petit conseil tout de même pour éviter les désillusions. Pensez, lorsque votre retraite se profile, à désensibiliser votre contrat des lignes trop dynamiques. Si vous comptez sur cette enveloppe pour vous assurer un complément de revenus, il vous faut de la stabilité. A l’instar du PERIN, qui le permet de manière automatique, c’est d’autant plus préjudiciable quand 100% du contrat est dirigé sur des lignes actions.
Là encore, avoir un conseiller attentif à vos projets doit sécuriser vos avoirs lorsque leur utilisation pointe le bout de son nez.
5. L'assurance-vie
L’assurance-vie, placement préféré des Français, est une magnifique « boîte à outils ». Principalement utilisée pour transmettre un capital exonéré de droits de succession ou pour le faire fructifier, elle peut également être un outil de préparation à la retraite.
En effet, sa disponibilité et ses avantages fiscaux peuvent répondre à une problématique de revenu complémentaire. D'autre part, outre une fiscalité attractive, la plupart des contrats assurance-vie proposent aujourd'hui des fonds euro-croissance. Ces fonds offrent une meilleure performance que les fonds euros classiques, avec des garanties plus souples à long terme pour les investisseurs.
Ainsi, en épargnant sur votre contrat, vous vous constituerez un capital qui vous permettra d’aborder sereinement votre retraite. Une fois l’âge de la retraite atteint, vous disposerez de votre épargne sous différentes formes. Vous pouvez tout d’abord disposer de l’intégralité du capital pour l’investir sur un autre support (immobilier par exemple). Vous pouvez également demander à effectuer des rachats partiels. Il faudra à ce moment là vous adresser à votre conseiller pour qu’il vous calcule les montants des rachats que vous pouvez effectuer et l’impact sur votre fiscalité.
La dernière solution est la possibilité de sortir de votre contrat sous forme de rentes viagères avec l’application de la fiscalité des rentes à titre onéreux sur les montants qui vous sont versés.
Et bien sûr vous conservez l’un des avantages certains de l’assurance-vie qui est l’exonération des droits de succession à hauteur de 152 500 € par bénéficiaire. D’où l’intérêt de l’ouvrir avant vos 70 ans ! Faire cette souscription avant la retraite va dans le sens de votre protection financière, civile et fiscale. Certes, elle peut servir pour un complément de revenus ou percevoir un capital.
Mais cela veut dire que vous préparez déjà l’étape d’après : la dépendance et la transmission. Il vous faut toujours avoir un coup d’avance pour éviter de devoir tout chambouler… Surtout à un âge avancé. Car passé vos 71 ans, l’argument fiscal de transmission se réduit à 30 500€.
Pour résumer, l’assurance-vie a un intérêt à tout moment de votre vie. Et c’est pour cela qu’il semble inconcevable de ne pas l’intégrer dans votre stratégie.
Nous avons vu que ces contrats seront de très bons compléments de revenus. Imaginez, pour X raison, que vous ayez besoin, pendant un certain laps de temps, de 100€/mois supplémentaires. Il vous suffira alors de faire un rachat programmé avec un arrêt au moment opportun.
Nous avons vu au travers de ce guide qu’il existe aussi bien des solutions financières qu’immobilières pour préparer sa retraite. Selon vos appétences et votre profil investisseur vous pourrez bénéficier des avantages de chaque solution. Mais comme je le répète souvent, je vous conseille de diversifier vos supports. Ainsi rien ne vous oblige à vous contenter d’une solution mais vous pouvez très bien cumuler plusieurs classes d’actifs. Nous pouvons par exemple imaginer une préparation à la retraite avec un investissement en LMNP et en assurance vie. Les combinaisons de solutions sont quasi infinies en fonction de votre budget et de l’âge auquel vous souhaitez profiter de votre retraite.
On vous accompagne dans les étapes de votre projet !